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Photo du rédacteurCoalition des Psy

Les psychologues peuvent aider à réduire les hospitalisations

Dernière mise à jour : 11 janv. 2022

Les hôpitaux débordent, les urgences ferment, les travailleurs de la santé sont à bout de souffle, la pénurie de personnel est criante... Il est essentiel de tout faire pour s’assurer d’attirer des travailleurs dans notre précieux réseau. Bravo à toutes les initiatives allant en ce sens! Il est également primordial de regarder simultanément le problème sous tous ses angles et de se demander: comment diminuer le nombre de visites aux urgences et le nombre d’hospitalisations?


On sait que l’accès amélioré à la psychothérapie a le potentiel de réduire de 22% les hospitalisations. On sait aussi qu’en 2020, plus de 216 000 visites dans les urgences du Québec étaient reliées à des problèmes de santé mentale. Par ailleurs, ce chiffre est une sous-estimation de la réalité, puisqu’il ne tient pas compte des personnes qui se présentent, par exemple, avec des maux de tête ou des douleurs abdominales qui sont reliés à de l’anxiété, ou de ceux qui vivent des complications parce qu'ils n’arrivent plus à suivre les traitements médicaux en raison de symptômes dépressifs ou d’enjeux concernant leur personnalité.

Ainsi, plusieurs personnes ne se présenteraient pas aux urgences ou ne seraient pas hospitalisées si elles avaient eu accès à un psychologue au moment opportun. Il est toutefois difficile d’atteindre cet objectif, alors qu'il y a plusieurs postes vacants dans les hôpitaux, qu'un bon nombre d'écoles n’ont pas de psychologues et que certains CLSC n’ont qu’un psychologue pour couvrir un vaste territoire. Les psychologues partent de plus en plus vers le secteur privé, où ils ont une meilleure autonomie professionnelle, jumelée à une rémunération nettement plus avantageuse. Ces départs contribuent aux délais d’attente qui dépassent souvent un an dans le réseau.


Un travail complexe

Les psychologues sont un peu comme les sources d’eau sous la surface de la Terre: ils sont essentiels, mais peu considérés, peu visibles... un peu comme la souffrance psychologique, qui est souvent la pire sorte de souffrance, car elle se mêle à la honte et à l’autodénigrement. Une douleur souvent atroce et invisible, que l’on tente trop souvent de cacher.

Une souffrance invisible, certes, mais qui touche toutes les sphères de notre vie et de notre société. Par exemple, les symptômes d’anxiété sont reliés à une augmentation des processus inflammatoires et, les symptômes de dépression, au développement de problèmes cardiaques. Depuis plus de 15 ans, j’ai pu observer ces interactions très complexes et multifactorielles qui incluent entre autres le niveau de bien-être psychologique, les difficultés à adhérer à des traitements médicaux et la dégradation d’une condition médicale entraînant des hospitalisations.

Un collègue pneumologue m’a déjà dit: «Je ne sais pas comment vous [les psychologues] arrivez à faire ce travail, ça demande tellement de patience et il y a tant d’aspects à considérer: la condition médicale de l’enfant, le contexte familial, social et scolaire dans lequel il évolue, son fonctionnement psychologique et cognitif, sa motivation à changer et celle de sa famille.»

Merci à ces collègues qui comprennent la contribution unique des psychologues dans le réseau public... ce travail complexe, souvent fait derrière des portes closes en toute confidentialité.

Merci aux 698 médecins ayant signé, en moins de 48 h, notre lettre ouverte qui demandait de mettre fin au manque criant de psychologues dans le réseau public.

Merci aux 6000 Québécois et plus qui ont signé notre pétition demandant d’améliorer l’accès aux psychologues dans nos écoles, nos cégeps, nos universités, nos centres jeunesse, nos hôpitaux, nos centres de réadaptation, nos cliniques de médecine familiale et nos CLSC. Ces milieux riches permettent aux psychologues d’offrir des services intégrés et complets à la population, en partenariat avec les travailleuses sociales, les infirmières, les médecins, les psychoéducatrices, etc.

Continuons ensemble notre croisade pour améliorer l'accès à l’expertise des psychologues dans le réseau public. Il n’est pas trop tard pour faire entendre votre voix en signant notre pétition: www.coalitionpsy.org!


Nous ne pouvons faire qu’un pas à la fois, mais commençons maintenant. Lorsqu'on y pense, notre santé psychologique est à la base de tout. Elle nous permet de nous lever le matin, de nous concentrer pour accomplir des tâches ou pour apprendre, de contribuer positivement à la société, de trouver la motivation pour faire nos traitements médicaux, de ne pas laisser notre colère nous envahir au point de blesser les autres ou de nous faire du mal à nous-mêmes.

Changeons notre paradigme et incluons le bien-être psychologique dans l’équation! En ramenant les psychologues dans le réseau public, nous plaçons un morceau de plus dans ce casse-tête complexe. L’attente aux urgences sera moins longue, les médecins de famille seront allégés d’une quantité phénoménale de consultations relatives à la santé mentale, les enseignant(e)s et les infirmières seront libéré(e)s d’un fardeau de trop et les dépenses publiques diminueront!


Dre Karine Gauthier, M.Ps., Ph. D.

Psychologue-neuropsychologue

Présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois

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