Les problèmes de notre réseau de la santé font souvent les manchettes ces temps-ci. Pour faire changement, pourquoi ne pas parler de la recette gagnante de certaines équipes qui fonctionnent bien ? Question de mettre un peu de lumière dans cette noirceur et d’insuffler un vent d’espoir.
Dans notre immense réseau de la santé québécois, il y a des équipes composées de multiples professionnels qui offrent des soins tout en considérant autant l’aspect physique que psychologique. Ces équipes incluent notamment des infirmières, des médecins, des physiothérapeutes, des psychologues, des neuropsychologues, des travailleuses sociales, des psychoéducatrices, des techniciennes en éducation spécialisée, des nutritionnistes, des ergothérapeutes, des orthophonistes, des audiologistes, des intervenants en soins spirituels, etc. Il arrive parfois que tous ces professionnels soient impliqués auprès du même patient. Comme quoi, chacun des professionnels a une expertise et un rôle uniques ! Ces équipes se retrouvent dans certains centres de réadaptation, dans certains hôpitaux ou CLSC, etc.
Les ingrédients essentiels
Quels sont les ingrédients de base de la réussite de ces équipes ? La communication quasi constante favorisée par des réunions fréquentes, les relations égalitaires, l’importance accordée autant à la santé physique qu’à la santé psychologique, l’engagement rapide des divers professionnels au besoin, le respect de l’expertise et de l’autonomie professionnelle de chacun. Il s’agit d’équipes où on ne demande pas à un professionnel de faire les tâches qui relèvent de l’expertise d’un autre, puisqu’on comprend qu’ils ne sont pas interchangeables.
Grâce à cette cohésion et à ce respect, les patients et leurs familles sentent que tous les professionnels vont dans la même direction et communiquent un message cohérent, diminuant ainsi leur stress et augmentant leurs capacités d’adaptation. Ce qui, en retour, peut réduire le temps d’hospitalisation et les visites aux urgences.
Un ensemble de professionnels qui en arrivent à un ballet coordonné pour que les patients et leurs familles se sentent soutenus dans leur globalité. Un écosystème où chaque « élément » est essentiel.
Ces équipes utilisent pour la plupart un modèle de soins par étapes, c’est-à-dire que ce ne sont pas nécessairement tous les professionnels qui sont engagés auprès du même patient dès le départ, même s’ils peuvent aussi l’être au besoin. Le concept du « bon soin au bon moment » est appliqué, c’est-à-dire que tous les professionnels sont disponibles rapidement et que les rôles de chacun sont clairs.
Ce modèle ne peut fonctionner que si tous les professionnels sont accessibles. S’il manque un chaînon, les patients et les autres soignants en souffrent.
Prenons comme exemple une équipe en milieu pédiatrique qui accueille un enfant à la suite d’un accident de voiture : la travailleuse sociale interviendra auprès de la famille dès le départ pour favoriser l’adaptation, soutenir et évaluer les besoins. La psychoéducatrice travaillera avec l’enfant pour l’aider à traverser cette période difficile et l’accompagner lors de procédures médicales parfois très stressantes.
Si, malgré ce soutien, l’enfant continue à présenter des difficultés affectant son rétablissement et son bien-être, on demandera l’expertise du psychologue. Par exemple, si le patient présente des symptômes d’anxiété importants, s’il s’oppose à ses traitements médicaux, s’il est déprimé et n’arrive pas à faire les exercices recommandés par la physiothérapeute, s’il a des images intrusives (flash-back) ou des cauchemars de l’accident l’empêchant de dormir, l’équipe demandera l’apport du psychologue. Au besoin, il interviendra dès le début. Ce serait le cas, par exemple, pour un enfant blessé qui doit composer avec le décès de membres de sa famille et qui présente des idées suicidaires.
Oui, ces équipes interdisciplinaires à la fois bienveillantes et efficaces existent ! Plusieurs d’entre nous en font partie ! Assurons-nous de les conserver pour le bien de tous ! Mettons-les davantage en place, tant dans les groupes de médecine familiale, afin de libérer les médecins de famille, que dans les CLSC, les hôpitaux, les centres jeunesse, les centres de réadaptation, etc.
N’oublions surtout pas que chaque professionnel est unique. Les efforts pour attirer et retenir chacun d’entre eux ne seront pas vains. Tant les patients que les travailleurs du réseau en ressortiront gagnants.
Dre Karine Gauthier, M.Ps., Ph. D.
Psychologue-neuropsychologue
Présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
* Cette lettre est cosignée par une cinquantaine de professionnels du milieu de la santé:
Connie Scuccimarri, psychologue et administratrice de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Catherine Serra Poirier, psychologue, vice-présidente liaison de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Béatrice Filion, psychologue et vice-présidente secrétaire de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Loredana Marchica, psychologue et responsable des communications de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Youssef Allami, psychologue et administrateur de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Marc-André Pinard, psychologue et administrateur de la Coalition des psychologues du réseau public québécois
Lisa Grilli, physiothérapeute
Marie-Pier Héroux, travailleuse sociale
Sophie Vallee-Smejda, infirmière praticienne
Vania Jimenez, médecin de famille
Larry C. Lands, pneumologue
Christine Tibi, psychoéducatrice
Simon Dufour-Turbis, psychiatre
Martine Giroux, orthophoniste
Geneviève Legault, neuropédiatre et neuro-oncologue pédiatre
Amélie Turcotte, audiologiste
Laurence Charlebois-Plante, travailleuse sociale, thérapeute conjugale et familiale, psychothérapeute
Naomi Goloff, médecin en soins palliatifs pédiatriques
Christine Beaulieu, physiothérapeute
Stephen Liben, médecin en soins palliatifs pédiatriques
Ann-Marie Suess, infirmière chef en hématologie oncologie pédiatrique
Valérie Labbé, médecin pédiatre
Geneviève Richer, psychologue
Sylvestre Roy-Chénier, travailleur social
Anne Choquette, infirmière en pratique avancée hématologie oncologie
Lianne Kopel, pneumologue
Josée Pacifico, infirmière en hématologie oncologie
Julien Maltais, psychiatre
Kim Desmarais, psychologue
Gabrielle Brodeur, médecin en soins palliatifs pédiatriques
Debbie Schichtman, infirmière
Anna Paliotti, éducatrice pédiatrique
Julius Erdstein, médecin pédiatre, spécialiste en médecine de l’adolescence
Pascal Comeau, musicothérapeute certifié
Giuseppina Di Meglio, médecin spécialiste en médecine de l’adolescence
Rachel Sinyor, infirmière en santé mentale
Monica Arnaldi, éducatrice spécialisée
Le Thi Nguyen Gia, médecin en soins palliatifs pédiatriques et adultes
Loïs Roussel, infirmière conseillère clinique en soins palliatifs pédiatriques
Mariane Labrecque, travailleuse sociale
Cinzia Marchica, médecin en Oto-rhino-laryngologie et Chirurgie Cervico-faciale
Patricia Hammes, psychologue
Sue Mylonopoulos, travailleuse sociale
Erika Laberge, physiothérapeute en douleur complexe pédiatrique
Suzanne MacDonald, médecin pédiatre, spécialiste en médecine de l’adolescence
Mia Grillakis, infirmière clinicienne en santé mentale
Claude Baillargeon, médecin en soins palliatifs pédiatriques et adultes
Rochelle Margles, infirmière en santé mentale
Claude Cyr, médecin au soins intensifs de pédiatrie
Angeliki Souranis, travailleuse sociale
Rebecca Pitt, infirmière clinicienne
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